Ces dernières semaines, j'ai eu l'occasion de revoir des gens que je n'avais pas vu depuis des années.
Une belle occasion pendant nos vacances du mois d'aout et une occasion très triste pour l'enterrement d'un ami très important pour moi.
Des gens qui sont au courant de notre parcours vers nos enfants. Nos enfants qui ont eu deux ans cet été.
Août, nous arrivons sur le lieu de nos vacances insulaires, totalement dépaysantes, loin de l'agitation du monde moderne.
Je rentre dans l'endroit où nous allons passer plusieurs jours avec d'autres amis, moi devant, mes enfants me suivant derrière.
Bonjour, embrassades, comment ça va et "OH dis donc comme ils te ressemblent tes enfants !"
Je m'attendais à tous, sauf à ça.
Je pensais que l'on pouvait nous dire : "oh comme ils sont blonds" ou "oh comme ils sont grands", ou encore "oh comme ils sont mignons", ou "oh comme ils ressemblent à leur père".
Mais le "Oh comme ils te ressemblent", je ne l'attend pas donc j'ai trouvé cette annonce incongrue. Tellement, que je n'ai pas relevée, pour dire. "Eh bah, oui nous nous ressemblons drôlement", ma fille se coiffant aussi peu que moi, mon fils étant habillé aussi coloré que moi. Oui, nous nous ressemblons, car nous vivons ensemble, nous nous aimons, parce que ce sont mes enfants et que je suis leur mère.
Septembre, l'autre remarque, est venue d'un ami, pas vu depuis des années. Mais que je connais très bien, pour avoir vécu pas mal de choses avec lui. Nous nous retrouvons dans cette triste assemblée qui venait soutenir l'amie de mon ami disparu.
Mes enfants gambadent dans cette cours verdoyante, au milieu de beaucoup de monde.
Il vient vers moi et il me dit : "Dis donc ta fille, elle te ressemble beaucoup, c'est toi en blonde".
Voyant que j'allais lui dire quelque chose, il ajoute : "Pourtant, je sais par Véro que ce n'est génétiquement pas possible, mais je t'assure, elle te ressemble".
Moi de lui répondre, c'est à cause de la coupe de cheveux !!!! Effectivement ma fille a les cheveux comme les miens, c'est à dire pas coiffés, en bataille, longs, bouclés sur les bouts, la frange devant les yeux. Oui ma fille me ressemble, c'est ma fille.
En fait, moi je n'y pense pas, ce sont ces remarques qui me font me souvenir que :"ah oui c'est vrai, nous n'avons pas les mêmes gènes..". Nous sommes des humains, nous partageons une base génétique commune de toute façon, seulement quelques gènes diffères d'un individu à une autre. Cette histoire de gène, qui pourtant nous avais fait nous interroger en 2011, la veille du mélange des gamètes à Brno, en fait j'étais triste de me dire que pour certains c'est si simple, et pourquoi MOI, je ne peux pas transmettre mes gamètes ??? Bordel !!! Mais ça, c'était une émotion très circonscrite dans le temps et l'espace. Dès que j'ai su qu'il y avait des embryons, ils étaient déjà mes petits, mes enfants à venir.
Je me dis donc que ce besoin qu'ont les autres de vous affilier par la ressemblance avec nos enfants, doit être le fruit d' :
- Une pensée réflexe, un truc automatique que l'on dit à des parents.
- Une volonté pas forcément consciente (car ces 2 personnes savaient) d'affilier par la ressemblance un enfant à ses parents.
- Une réalité qui nous dépasse, nos enfants nous ressemblent non pas à cause des gènes mais bien à cause de la vie d'amour que nous partageons ensembles depuis leur arrivée dans notre vie, c'est à dire deux ans et 37 semaines +5 jours de grossesse.
Cette question de la ressemblance ou plus tôt la possibilité d'une non ressemblance, n'a jamais été un problème pour moi. Car je ne voulais pas avoir des enfants pour avoir des mini clones de moi-même, mais bien pour avoir des enfants, qui deviendraient des individus à part entière, ayant une personnalité, un physique qui leur seraient propre. Je dois pourtant dire que lorsqu'ils sont nés, j'étais très contente qu'ils ressemblent autant à leur père. Puis le temps passant, ce point de la ressemblance ou pas avec moi, ne compte pas du tout. Je n'ai pas besoin d'une ressemblance physique pour les aimer, pour les adorer, pour les choyer, pour les protéger, pour les nourrir, pour les faire rire, pour les éduquer, pour leur donner des principes et une philosophie de vie. Bref je n'ai pas besoin qu'ils me ressemble pour qu'ils soient mes enfants.
Même si lors de mon interrogation autour du don d'ovocyte, j'ai du faire le deuil (petit temps de deuil, car j'avais déjà passé tellement de temps dans tous les deuils que l'infertilité apporte avec elle) d'un fantasme qui doit exister chez toutes les femmes qui désirent avoir des enfants. On rêve d'un enfant qui soit le mélange physique (j'ai l'impression que c'est ça qui vient en premier) de soi-même et de son chéri. Lorsque tu reçois les ovocytes d'une autre femme, tu sais d'avance que ce fantasme ne se réalisera pas, et ce n'est pas grave. Car ce qui est important c'est que tes enfants arrivent en bonne santé et qu'ils inondent ta vie de leur présence.
Je sais que cette question de la ressemblance reviendra un jour, de la part d'autres personnes et sans doute de la part de mes enfants. Qui connaissant leur histoire, s’interrogeront et nous interrogerons sur ce point. Mais pour l'instant ce n'est pas ça qui compte pour eux. L'attachement, la filiation, l'amour enfants-parents se construisent sur autre chose que sur une ressemblance physique.
Il ne faut pas oublier que même dans les grossesses ordinaires, l'attachement mère-enfant ne va pas de soi, c'est une construction relationnelle, qui s'élabore dans le temps et dans les interactions entre l'enfant et la mère.
Alors peut-être que mes enfants me ressemblent ou pas, mais en tout cas ce sont MES ENFANTS et je suis leur MAMAN.