Eve m'a demandé plusieurs fois, "et maintenant que tu es maman, est-ce qu'on tu as oublié toutes les difficultés du parcours infertilité-pma ?"
Oui, j'ai deux enfants qui ont 2 mois et 17 jours.
Deux petits bébés, enfin dans ma vie, après avoir été 245 jours dans mon ventre, et tellement longtemps dans mon esprit.
Je suis comblée. Mon vide maternel, que le temps de l'absence avait rendu abyssal est comblé.
Je suis pleine d'eux. Satisfaite. Encore incrédule : "Est-ce vraiment vrai ? Ce sont nos enfants ? J'ai réussi ça"
Mais le chemin pour arriver jusqu'à eux à été très long, douloureusement
long.
Ces enfants
j'en rêve depuis 22 ans. Mais à 20 ans ont a le temps............
Ces
enfants je les attend depuis 12 ans. Mais sans leur papa, ils ne pouvaient pas venir.
Leur absence était
intolérable depuis 4 ans. Un corps qui ne veux pas et l'enfer de ma PMA.
Oui, ils sont là, ils remplissent ma vie à 269,999999999 %, voir plus.
Mais je reste celle qui a parcouru le chemin de l'infertilité procréative. La même.
Les épreuves, les souffrances ont été vécues, elles ont marqué ma vie.
Tellement que parfois, je serre fort mes enfants dans mes bras et je suis submergée par les émotions du chemin.
Tellement que je veux être là pour mes amies virtuelles et réelles, qui sont encore sur le chemin.
Odile (j'espère fort que cette fois enfin, soit la bonne), Mirabelle (un deuxième essai bientôt), Nana, Lolo, Laureline, je veux être là pour vous. Je n'ai pas changé, je suis la même.
Tellement que je suis triste de ne plus avoir de contacts avec certaines, même si je comprends que pour elles je suis sur l'autre bord du chemin.
Tellement que je sais les sentiments contradictoires qui les agitent, j'avais les mêmes, heureuse pour mes amies maman, mais terriblement malheureuse pour mon non-état de maternité.
Tellement que je suis terriblement émue par les situations difficiles
que continuent de vivre certaines, et certains d'entre nous.
Tellement que je voudrais faire encore plus pour faire évoluer les représentations et le fonctionnement de la pma en France.
Tellement que je voudrais constituer sur ma région un groupe d'activistes infertiles-fertiles pour soutenir les gens et faire du bruit autour de ces situations.
Tellement que j'étais bien triste début aout, dans la salle d'attente pour mon rendez-vous de suite de la césarienne. Malgré mes deux bébés à la maison, je me sentais mal dans cette salle d'attente, la même que pour nos rendez-vous pma onis.
Tellement que je distribue dans des lieux stratégiques les plaquettes de l'association Maia.
Tellement que sur le faire-part de naissance de nos enfant, il est écrit : "Après 5 jours in vitro et 245 jours in utéro, Louise et Gabriel sont nés".
Tellement que je souhaite à tous les couples, toutes les femmes de trouver leur enfant.
Je n'ai pas honte du chemin emprunté pour arriver jusqu'à eux.
J'ai tellement eu peur de ne jamais arriver jusqu'à eux.
L'estime de moi a été terriblement ébranlée, surtout par les cons de médecins PMA, mais aussi par l'accumulation des cycles infertiles...
J'ai été celle qui a tant pleuré l'absence, le vide d'enfant, qui a tant détesté le suivi pma en france, beaucoup de rage contre ce système et les gens qui l'animent du moins ceux qui ont croisé notre chemin !
Celle qui a attendu des mois une action médicale pour nous aider.
Celle qui a fait deux fiv foireuses en France.
Celle pour qui soit disant "tout allait bien, mais on ne peut plus rien pour vous".
Celle qui a fait des trucs de dingue pour faire venir cet enfant.
Celle qui a attendu des mois une action médicale pour nous aider.
Celle qui a fait deux fiv foireuses en France.
Celle pour qui soit disant "tout allait bien, mais on ne peut plus rien pour vous".
Celle qui a fait des trucs de dingue pour faire venir cet enfant.
Celle qui a douté de tout, celle qui a été dégoutée de tout.
Celle qui a trouvé du réconfort auprès de ses sœurs d'infortunes.
Celle qui n'y croyant plus, y est aller quand même.
Lorsque je regarde en arrière, le temps passé à s'abimer dans le désir d'enfant inassouvi je me dis : "P....ain, on en a chié gravement pour en arriver là" et je regarde nos enfants je me dis : ", mais notre réussite est grande, magnifique". Chéri pense pareil, il me dit souvent : "ça a été dur, mais nous y sommes arrivés".
Nous sommes arrivés non pas d'un AUTRE CÔTE soit disant idyllique, rêvé, mythique.
Non, nous sommes toujours du même côté, celui de notre vie, mais une vie qui maintenant est remplie d'enfants, nos enfants.
Le bonheur est immense, oui, immense, (la fatigue aussi, mais ça c'est une autre histoire) de porter enfin dans nos bras nos deux enfants.
Alors tu sais d'où vient ce bonheur et tu souhaite continuer ton chemin humblement.
Et tu souhaite ce même bonheur à tous ceux qui l'espère...................
Très beau message. Je vois bien combien tu es là pour les autres dans les commentaires que tu laisses. Ca me touche ( pmette aussi de mon état ). Nélia
RépondreSupprimerBonjour Nélia
SupprimerMerci
Je n'ai pas de mots, juste une grosse boule au fond de la gorge, et des larmes. Merci d'être là...
RépondreSupprimerLolo, Lolo tu sais que je voudrais tant pour toi. Mais nos deux volontés réunis n'arrivent pas à changer la donne et c'est ça une des grandes frustration de l'infertilité. Avoir tellement envie, tellement de volonté, d'énergie pour rien. C'est vraiment très psychiquement, il faut sacrément s'accrocher pour tenter de garder le cap.
SupprimerJ'attends de tes nouvelles
Qu'ils sont beaux!! Et comme ils ont changé et grandi déjà!
RépondreSupprimerLa fatigue doit être immense... Moi avec un je suis souvent crevée.
Mais comme tu le dis c'est un fabuleux bonheur!! Et on voudrait tant que chaque couple qui souhaite des enfants puisse le connaitre...
Merci Miss Luciole
SupprimerOui ils grandissent à vue d'oeil, c'est très rapide, trop.
Bises à toi
Tout pareil. Tes petits sont trop beaux et ont déjà tellement grandi !
RépondreSupprimerJ'aime quand tu dis qu'on n'est pas "de l'autre côté" mais du même côté, celui de notre vie, qui a pris un virage sur une route pleine de difficultés mais derrière ce virage, il y avait le bonheur... (et la fatigue !... ;-))
Oui, il faut le dire, il n'y a pas d'autre côté, on reste là où on est.
SupprimerMerci, merci
Le message est tellement grand, tellement beau, tellement rempli d'espoir pour nous qui attendons...
RépondreSupprimerOui la roue peut tourner!
Oui personne n'est fait que pour la douleur!
parce qu'on en vient à en douter, on se dit "et si le bonheur n'etait pas fait pour nous??" tu comprends surement cet état qui te fait croire qu'il ne peut rien t'arriver de bon...
alors Merci vraiment merci pour ces mots!
ClairAnne, 26 ans en IO, revenue récemment de Barcelone avec 2 petits embryons
Oui on se pense "maudit", hors d'atteinte des choses qui sont si simples pour la majorité des gens.
SupprimerSi le bonheur d'avoir des enfants n'arrivent pas, il faut alors avoir la force de trouver d'autres bonheurs pour remplir sa vie.
Mais à 26 ans, je te souhaite beaucoup d'enfants. Que déjà, les deux petits embryons portent leur fruit. Donne de tes nouvelles. Tu dois savoir quand ?
Mardi! Je te donnerai des nouvelles sans faute. En attendant je te souhaite de continuer a profiter de ta famille comme tu as l'air de bien savoir le faire!
SupprimerComme promis, je reviens te donner des nouvelles! La prise de sang d'hier etait positive !!
SupprimerMeme si on sait (pour l'avoir vecu que tout reste fragile) on savoure chaque instant...
a bientot!
Je sais ces années sans enfant, quand le désir d'être mère est tellement fort que le goût de vivre sans n'existe plus.
RépondreSupprimerJe sais la douleur du coeur, quand d'autres peuvent et pas nous, quand on entend des cris de bébés, alors qu'on est entourée par le silence, le silence de leur absence...
Je n'ai pas eu le même parcours (mais comme je l'ai lu en commentaire chez moi, ce n'est pas la PMA qui fait l'infertilité, elle existe toute seule, cette sal*pe...) mais j'ai eu le sentiment que ma vie ne serait jamais une vie heureuse, et cette sensation de ne servir à rien, de partir un jour sans n'avoir rien fait de bien, et de se voir extraterrestre dans les yeux des autres (à qui j'avais perdu le désir d'expliquer, expliquer pour quoi faire de toutes façons, comment expliquer la douleur à qui n'a pas mal?).
Je ressens aussi cette incrédulité, quand je vois ma fille qui dort, qui prend son biberon, qui chantonne, qui râle, qui sourit, qui se cache dans le cou de son papa, qui me prend les doigts dans les siens... Est-ce donc bien MA fille? Est-ce bien elle que j'ai fait naître après l'avoir fait grandir en moi? Est-ce bien le bébé auquel j'ai rêvé pendant 15 longues années, celui dont j'ai tant de fois espéré la venue?
Mademoiselle V a 4 mois et 15 jours. Et depuis 4 mois et 15 jours je reste incrédule, et parfois quand elle pleure, tôt le matin, dans les brumes de mon sommeil je pense "mais bon sang, à qui est ce bébé qui pleure tout près de ma chambre?"....Pour me réveiller en sursaut et sentir mon coeur hurler "mais c'est la tienne!!!!"
Aujourd'hui je n'ai plus autour de moi les rares amies et amis qui n'avaient pas d'enfant non plus, parce que j'ai quitté mon pays, parce qu'ils/elles ont préféré ne pas rester en contact, parce que les photos de ma fille sur FBouc (pour les partager avec la famille, au loin), ça fait mal. Et je comprends si bien. Et je voudrais leur dire que je n'ai pas changé, mais pour eux... Je suis passée de l'autre côté. Et je ne leur en veux pas, je ne pourrai jamais leur en vouloir.
Juste espérer aussi pour eux. Et rester là pour eux, oreille pour écouter et épaule pour soutenir. Mais je comprends qu'ils/elles n'y arrivent plus.
Pour terminer cet interminable commentaire je dirai : qu'ils sont beaux tes bébés...et que ce sourire, certes fatigué, sur ton visage illumine cette dernière photo :-)
oui tu décris bien les sentiments et la situation.
SupprimerBien sur l'infertilité ne se mesure pas à l'aune des années de pma.
Moi, je n'ai finalement qu'une petite expérience de pma (2 fiv, 1 iac, 2fivdons) comparé à certains couples ou femme qui cumulent 5 ou 6 fiv, des iac en pagaille.
Mais par contre, je traine avec moi 12 ans d'infertilité, car mon désir d'enfant est devenu irrésistible lorsque que j'avais 30 ans.
Merci pour les bébés
Bonjour Irouwen,
RépondreSupprimerTu écris tellement bien ce qu'on ressent. J'en ai les larmes aux yeux.(avec la fatigue, la reprise du travail qui approche, je pleure facilement, lundi le début de l'adaptation à la crèche).
Je ne crois pas non plus qu'on oublie notre long parcours, mais nos enfants sont notre plus grande réussite. Et de les voir grandir, notre bonheur.
Tes photos de Gabriel et Louise sont magnifiques au passage.
Moi, je ne milite pas (je ne suis pas une militante), mais je rappelle souvent aux gens que je croise d'où Camille vient.
J'ai d'ailleurs un livre pour enfant qui explique très bien tout ça. C'est "le mystère des graines à bébé", je l'ai déjà lu à Lucie, et je le garde précieusement pour Camille.
Bon we à toi
Carine
Ahhhh le passage à la crèche, toujours difficile pour les mamans......
RépondreSupprimerDes livres il faut que j'en commande aussi pour nos petits.
Je veux leur faire aussi un livre avec des photos de nous pour leur raconter l'histoire de leur naissance.
Courage à toi, la maman fatiguée
Je ne me lasse pas de regarder tes photos...
RépondreSupprimerMerci pour ces mots, authentiques et beaux.
Bises
Les difficultés du parcours PMA ne sont finalement pas grand chose par rapport au bonheur de tenir nos enfants dans les bras.
RépondreSupprimerBonheur que nous voudrions que toutes les Pmettes connaissent.
Tes photos sont magnifiques et la dernière ... juste sublime ...
Embrasse fort ta fille et ton fils de ma part
Les difficultés deviennent "pas grand chose", lorsqu'ils sont là, effectivement.
RépondreSupprimerJe transmet les bisous
Merci Irouwen pour ce texte et ces belles photos... j'espère que tu nous décriras une fois en détail de quoi est constitué ce bonheur d'être maman. Et aussi si il correspond à ce que tu attendais...
RépondreSupprimerBises, Brigitte
Merci Irouwen d'avoir pris le temps d'écrire sur ce sujet et de très bien l 'expliquer d'ailleurs.
RépondreSupprimerCa me rassure tout ce que tu as dit, tu continues le combat quelque part tu n oublies pas et surtout tu es ultra comblée.
C'est tellement touchant et si beau, finalement les mamans infertiles sont différentes, elles sont beaucoup "pluss" que les mamans natures.
un emerveillement tes petits tu sais!
c'est formidablement émouvant et tellement beau de douceur, de bonheur, d'acharnement. Tu es magnifique et tes enfants aussi! Merci d'être encore là pour nous. De gros bisous
RépondreSupprimerdanslalueurdelavie
J'ai beaucoup aimé ton post que je trouve humble et généreux.
RépondreSupprimerMOi je me dis encore dans l'espoir des fiv que je supporte ce parcours mais en effet toujours cette question de savoir si on y arrivera ou pas. Ce n'est plus trop "quand" qui me pose question, je crois que j'arrive à me dire de patienter encore plusieurs mois.
RépondreSupprimerC'est difficile de ne plus avoir confiance en sa maternité, en son ventre. J'essaie de reprendre confiance en mon corps avant la prochaine fiv dans un mois. C'est pas de tout repos ni tout confort car on travaille sur des tensions par osthéopathie.
alors en ce moment la pesanteur de la fiv est partie en pensant à reprendre confiance en ses capacités.
J'espère que ça va durer.
Moi aussi je milite pour le don d'ovocyte en France, à savoir si j'en bénéficierais ou pas.
Je trouve que selon les régions il y a des inégalités importantes et maintenant dans le CECOS de ma région les femmes donneuses doivent avoir moins 35 ans maxi.
Ca limite encore plus surtout quand on sait que c'est un cheminement de choisir d'être donneuse et qu'il y a d'autres étapes avant dans sa vie.
Peut être est ce parce que les résultat pour les receveuses étaient décevants, je ne sais pas?
J'espère que tu oublieras au fur et à mesure cela et que tu passeras à autre chose même si tu as encore cette empathie pour les essayeuses et tes amies.
POn se retrouve en amitié sur autre chose que cela. Oui ça fait plaisir de voir que des pmettes réussissent. Parfois c'est de l'espoir, parfois c'est vu comme une certaine jalousie peut être.
Les PMettes sont courageuses....
Bon, j'écris mon message pour la troisième fois...
RépondreSupprimerTon billet si sensible m'a beaucoup touchée et ton histoire me donne de l'espoir. Merci !
Bises.
Lily.
Il faut construire son espoir en trouvant le bon chemin pour arriver à ton ou tes bébés.
SupprimerDes bises à toi aussi
juste te dire que je t'embrasse ... j'ai lu, .... pas de mots, trop émue ....
RépondreSupprimer