Thés BAMP !

mercredi 28 août 2013

Deux choses étranges



Aujourd'hui, j'ai fais deux choses étranges.

Aujourd'hui, j'ai laissé mes enfants à des inconnues, pendant deux heures, en treize mois, c'est la première fois.
Des inconnues spécialisées dans la prise en charge des petits enfants, quand même, une crèche.

Vendredi dernier, nous les avions déjà laissé, mais ce n'était pas pareil.
Nous étions restés avec eux 40 minutes pour les regarder jouer avec leur futurs-copains de crèche.
Puis nous sommes partis 20 minutes, pour voir comment cela se passait.
20 minutes ce n'était rien.
Mais là deux heures !
Dans la perspective de les laisser toute une journée.

Je pensais être incapable de faire ça.
Pourtant je l'ai fait, j'ai accompagné ma fille qui avait du mal à me quitter, lui disant : "Mais où est Gabriel ? Regarde, il est là-bas !" et Hop elle est partie sur ses petites jambes, les bras en l'air pour rejoindre son frère qui était déjà parti vers l'aventure-crèche.
Je suis sortie, j'ai eu envie de pleurer, mais je ne l'ai pas fait.
Ils grandissent, vite, trop vite.

Lorsque je suis revenue les chercher, ils pleuraient tous les deux.
Levés trop tôt, 8 heures, pour eux qui se lèvent entre 9 heures et 9 h 45, ils avaient faim aussi.
Gros chagrin de ma fille, qui s'est endormie sur le chemin du retour.
Mes doux bébés.

J'ai vraiment du mal à ne pas vivre toutes les secondes auprès d'eux, ils me manquent.

Cet après-midi, nous allons aux jeux pour enfants du coin de la rue.
Nous avons commencé à y aller cet été. 
Jamais personne, c'était bien.
Mais là, une horde d'enfants, de mamies, d'assistantes maternelles, de mamans.
Je me sens vraiment mal à l'aise, je n'ai envie de voir personne.
Je me sens tellement décalée, pas en phase avec ce monde.
Pourtant je suis maman, doublement maman et j'aime tellement ça.
Mais je ne me reconnais pas dans les discussions de bac à sable, dans les attitudes de bord de banc.

Aujourd'hui, deux choses étranges assurément.

dimanche 18 août 2013

LILA






Cette semaine, j'ai revu Lila.
Lila, c'est le genre de personne que tu as l'impression de connaitre depuis longtemps, alors que c'est la première fois que tu l'a voit.  
La communication est simple, amicale, naturelle.
Lila doit bien avoir entre 50 et 55 ans, peut-être plus, peut-être moins ?
Lila est née à Saigon.

La première fois que j'ai rencontré Lila, elle partait faire une balade en vélo, mais ses pneus étaient dégonflés.
Nous étions dans notre jardin, elle sortait de la maison d'en face, celle qui n'est jamais habité.
Elle nous a vu, et nous a demandé si nous n'avions pas une pompe à vélo à lui prêter.

Nous avons discuté, longtemps, elle nous a dit qu'elle était chez ses beaux-parents (des gens très âgés 88 ans), qu'ils habitaient à Paris, mais étant originaire de ce village, ils y venaient donc de temps en temps. Elle était là avec son mari, mais elle s'ennuyait avec ces vieilles personnes, elle avait décidé d'aller se balader.

"Tiens si nous nous allions faire cette promenade à vélo ensemble ?"

"Vous avez des enfants ?"

La question qui fait mal, la question qui me fait penser : "Mais pourquoi ?"
"Non, pas encore, mais nous souhaitons en avoir, mais ce n'est pas simple".
"Ne vous inquiétez pas ça va venir !"
La réponse qui fait mal.

Nous étions à l'époque en plein marasme psychologique face à notre désir d'enfant, dans l'attente d'une hypothétique Fiv. Les cycles s'accumulaient sans espoirs depuis trop longtemps, la vie d'infertile était rude.

 La phrase qui ne sert à rien, mais que tout le monde dis, la phrase qui te donne envie de ne plus parler à personne.

Puis je me suis dis : "Si elle pouvait avoir raison, si elle pouvait nous porter chance, si elle pouvait dire LA VERITE".

Nous lui avons proposé de venir manger avec son mari, mais ils rentraient sur Paris, le lendemain.

Avant qu'elle ne parte, nous avons échangé nos numéro de portable. Cet échange nous a permis d'échanger les bons vœux de la nouvelle année, puis deux ou trois autres messages de sympathie. Ma vie d'infertile a continué à être rude, de plus en plus.

C'était il y a trois ans.

Cette semaine j'ai revu Lila, c'est la deuxième fois de ma vie que je rencontre Lila.
Dès que j'ai entendu sa voix à l'autre bout du jardin, j'ai su que c'était elle.
La veille nous avions entendu du bruit dans le jardin de la maison d'en face, des gens fêtaient quelque chose.
J'ai pensé à elle, je me suis dis : "tiens Lila est peut-être là, j'aimerais la voir".

J'ai entendu sa voix, elle parlait avec Chéri : "et votre femme ?"

C'est moi, je suis là au milieu de mon champ de pomme de terre, à retourner la terre pour y trouver des patates.
Mon fils est assis sur les patates déjà récoltés dans la cagette, il a de la terre partout.
Ma fille est du côté des fraises, elle écrase les mottes de terre entre ses mains.

C'est juste incroyable, mais c'est pourtant vrai.

Je revois Lila, et je suis mère, j'ai deux enfants !

Sa fille a accouché l'année dernière, des jumeaux, un garçon et une fille, j'ai eu envie de lui demander si c'était grâce à une fiv.
Je suis contente d'avoir revue Lila.